Dr Manaouda Malachie : « Comment comprendre que les Camerounais, dans la rue, dans les marchés, dans les lieux publics, les bâtiments administratifs, se baladent sans aucun masque ? »

Le ministère de la Santé publique du Cameroun fait le point quotidien de l’évolution de la Covid-19 dans le pays, de la stratégie du gouvernement, mais surtout, adresse des recommandations au public et au personnel soignant. Ici la déclaration de presse du ministre Dr Manaouda Malachie, le 19 mai 2020 dans la salle de Conférence du ministère de la Santé Publique à Yaoundé.

« Mesdames, Messieurs, les Professionnels des Médias ; Mesdames Messieurs,

Je voudrais, avant toute chose vous inviter à avoir une pensée pieuse en la mémoire de l’un de nos vaillants soldats, tombé hier, malheureusement arraché si brutalement à la vie. Je voudrais ici nous inviter à observer une minute de silence pour Monsieur ANDEGUE Luc Florent, Directeur des Ressources Financières et du Patrimoine au Ministère de la Santé Publique.

Though we are starting on a sad note, allow me to wish you a cordial and warm welcome in this conference room of the Ministry of Public Health on the occasion of this press briefing which aims at presenting the situation of the management of the coronavirus pandemic in Cameroon, a little more than ten weeks following the reporting of the first positive cases to this disease.

This press briefing comes at a crucial moment, in our action against the virus, considering the slackening perceived in the respect of barrier measures against the spread of the virus in our country, following by misinterpretation of the President of the Republic’s decision to ease the restrictive measures previously taken by him, on 17(seventeen) March and 9(nine) April 2020, and communicated in a special statement by the Prime Minister, Head of Government.

Mesdames, Messieurs, les Professionnels des Médias ;

Il ne vous échappe certainement pas, vous qui êtes d’ailleurs au cœur de l’actualité sur la lutte contre la propagation du coronavirus au Cameroun, que le train de mesures prises le 17 mars 2020 et renforcées par celles du 09 avril 2020, avait pour mission d’endiguer le cycle de progression de l’épidémie qui devenait assez inquiétant, en tenant compte de la nécessité de sauvegarder la résilience de notre économie.

Pour le Chef de l’État, Son Excellence Paul BIYA, le choix a été clair et sans ambages depuis le début de la pandémie. Il ne faudrait pas placer les Camerounais devant un dilemme entre la maladie et la précarité. Dès lors, les mesures prises et prioritairement celles concernant l’économie de notre pays ont fait l’objet d’études, d’analyses et surtout de concertations entre le Gouvernement, sous la Conduite du Premier Ministre et le secteur privé, notamment les groupements inter-patronaux, les chambres consultatives et les syndicats professionnels.

Les résultats de ces études ont conduit le Président de la République à autoriser un nouveau train de mesures, 19 au total, celles-ci étant prioritairement portées vers le soutien socio-économique.

Malheureusement, sur l’ensemble desdites mesures, seule celle concernant les espaces de loisir, notamment les débits de boissons et les restaurants semble avoir retenu l’attention de nombreux Camerounais, qui ont donné le sentiment que notre pays avait vaincu le virus.

Ce sentiment est notamment perceptible par, non seulement, la liesse qui a suivi l’annonce de l’assouplissement, mais aussi l’abandon des gestes et précautions qui ont jusqu’ici permis de limiter la propagation du virus.

Il n’est pas superflu d’indiquer ici qu’on a observé l’abandon du port du masque, alors même que celui-ci reste une exigence. Comment comprendre que les Camerounais, dans la rue, dans les marchés, dans les lieux publics, les bâtiments administratifs, se baladent sans aucun masque ? Les distances physiques ne sont pas suffisamment respectées. Tout se passe visiblement comme s’il n’y avait aucun risque de contamination, alors même que la contamination reste aussi forte.

Cette indiscipline pourrait malheureusement être à l’origine d’une flambée de la propagation de l’épidémie. Vous aurez d’ailleurs constaté une remontée des cas positifs depuis deux semaines, ainsi que du nombre de décès, ce qui devrait attirer notre attention de manière particulière.

La pandémie du coronavirus (COVID-19), bien que maitrisée actuellement par le Gouvernement, n’a pas été domptée par notre pays, mieux, elle ne le sera que si nous adoptons un comportement responsable.

Il faudrait bien que cela soit clairement dit, l’assouplissement des mesures restrictives avait pour objectif de réduire la pression sur notre économie dont certains secteurs payaient déjà le lourd tribu, c’est d’ailleurs, un geste du Président de la République en faveur de cette  économie déjà fragilisée par de nombreux facteurs exogènes, et qu’il faut à tout prix protéger.

La propension de certains compatriotes à l’irresponsabilité peut plutôt entrainer un coût social et humain très néfaste. Le capital humain étant la principale ressource pour le développement d’une économie, il nous appartient de bien la préserver et la garantir.

Par notre action, nous devons contribuer à l’édification d’un Cameroun, un et indivisible, fort, prospère et plein de santé.

Mesdames, Messieurs,

Il importe également de relever ici, pour s’en offusquer et condamner, la propension à la violence psychologique, voire même physique sur les patients vivant avec le COVID-19, mais aussi et surtout sur les personnels soignants qui n’ont de cesse de sacrifier leur vie sociale, leur temps et même leur santé, pour nous prodiguer tous les soins, et sauver par la même occasion nos vies.

En ce qui concerne la stigmatisation des patients victimes de COVID-19, je dois ici rappeler que la pandémie du coronavirus n’est ni une maladie de la honte, encore moins une hérésie. Tout le monde peut en être victime, elle attrape tout le monde sans distinction de race, de classe sociale, ou de de toute autre valeur subjective. Il nous appartient donc de soutenir, d’encourager ceux qui sont frappés par la maladie. Ils ont besoin de nous, comme nous aussi pourrions avoir besoin d’eux.

Pour ce qui est des personnels soignants, il est inacceptable, et intolérable que des personnes qui se consacrent à nous sauver et à préserver notre santé, notre dignité, subissent en retour, une violence inexplicable de la part même de ceux pour qui ils se battent.

Comment comprendre en effet que les soldats qui se livrent corps et âmes pour notre bien-être, pour notre mieux être, soient la cible de notre violence. Une violence non justifiée, non conseillée. Qu’elle soit verbale, psychologique ou physique, la violence envers les soignants n’est pas tolérable.

Je voudrais d’ailleurs rappeler aux auteurs de celles-ci que la loi réprimande durablement de tels actes. Que ces derniers sachent qu’ils répondront sans aucun ménagement, devant les instances compétentes.

C’est l’occasion pour moi d’appeler à une franche collaboration de toutes et tous. Dénoncez toutes ces personnes qui n’ont aucun respect pour l’abnégation et le dévouement des personnels de santé. Les Autorités compétentes se chargeront désormais de prendre les dispositions utiles pour protéger nos vaillants soldats.

Dr Manaouda Malachie

Mesdames, Messieurs,

Il ne vous échappe pas non plus que la stigmatisation entretenue autour de cette maladie dans notre société est à l’origine d’un phénomène de désertion de l’hôpital, entrainant ainsi un effet d’éviction sur les autres pathologies et soins de santé qui devraient continuer d’être offerts comme en temps normal. Qu’il soit clair que le Coronavirus n’immunise pas contre les autres maladies, bien au contraire, le fait d’abandonner les formations sanitaires créera encore plus de problèmes de santé aux générations actuelles et futures.

Du point de vue du système de santé, les dispositions sont prises pour assurer la poursuite des soins et services de santé y relatifs dans nos formations sanitaires. C’est d’ailleurs dans cette optique que le Président de le République a ordonné la création des Centres Spécialisés de Prise en Charge des Patients victimes du COVID-19, ceux de Yaoundé et de Douala qui sont des annexes des Hôpitaux Central et Laquintinie connaissent le meilleur avancement, avec la possibilité pour eux d’accueillir des patients dans les tous prochains jours.

La mise en service de ces centres permettra notamment une spécialisation de la prise en charge du COVID-19, laissant ainsi le soin aux autres formations sanitaires d’assurer le service continue aux femmes, aux enfants et aux adultes. La vaccination ne doit pas être stoppée, les consultations prénatales, elles non plus. Nos priorités ne sont pas changées avec cette pandémie, encore moins reléguées au dernier plan.

Allons à l’hôpital, faisons confiance au personnel soignant qui sera capable de nous donner les meilleurs soins possibles. Je voudrais enfin terminer mon propos sur une dimension prospective de notre action dont l’essentiel portera sur l’accentuation de la recherche active des cas avec l’augmentation de nos capacités de testing sur l’ensemble du territoire national et surtout la sensibilisation.

Sur ce dernier aspect, je voudrais annoncer le démarrage dans les prochains jours des campagnes de sensibilisation et de mobilisation sur les mesures-barrières, notamment le port du masque, qui reste et demeure une obligation, le lavage des mains, le respect des distances physiques, gage de notre action contre le coronavirus.

Mais cette action de sensibilisation n’aura de pertinence que si nous joignons nos efforts. Vous êtes en tant que professionnels des médias appelés à assumer notre posture de leader d’opinion pour assurer la bonne transmission du bon message. Je sais compter sur votre disponibilité habituelle et votre bonne foi.

Thank you very much for your kind attention.
May God bless Cameroon. / »

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